C’est donc au Festival Jardin Sonore que nous avons eu la chance de discuter avec Theo Lawrence And The Hearts. Et rarement la musique aura été autant au centre des débats. Découvrez donc ce groupe passionné et passionnant !
MusiK Please : Pourquoi ce nom, Theo Lawrence And The Hearts ? Pour faire comme Nick Cave ou Bruce Springsteen ?
Olivier : Cela semblait opportun puisque dès le début, Theo était le chanteur, guitariste et compositeur du groupe, mais malgré tout, on n’avait pas l’impression d’être ses musiciens. Et c’est toujours le cas aujourd’hui. Personnellement, cela fait sept ans que je joue avec Theo, on est devenu potes avec la musique. Après, on a trouvé un batteur, c’était Thibault et l’équipe s’est construite petit à petit au fil des années. Sinon, The Hearts, ça vient des pulsations, du rythme.
Pourquoi ne vous êtes pas mis au rap ou à l’électro comme beaucoup de jeunes ?
Theo : La musique que l’on joue ne nous a pas laissé le choix. Elle nous a pris, elle nous a parlé viscéralement. Ce n’était pas pour faire comme nos parents, c’est quelque chose qui s’est imposé naturellement. C’est même une idée qui sous-tend le groupe et qui explique aussi notre nom, The Hearts. En fait, nous n’avons pas la prétention de faire une musique raisonnée ou datée même. Nous revendiquons juste le fait de faire la musique que l’on aime, indépendamment des modes. Je pense que tu es perdu si tu commences à composer pour vendre. Si ton offre musicale plaît, tant mieux et sinon tant pis…
Pourquoi ce titre Homemade Lemonade ?
J’ai cette idée là depuis mes 14-15 ans. Je réfléchissais à un titre d’album car je commençais à composer avec mon premier groupe. J’ai trouvé ce nom chez un disquaire. Je suis tombé sur un album de Tony Joe White qui s’appelait Home Made Ice Cream. Et j’ai trouvé que Homemade Lemonade, c’était encore mieux. D’ailleurs, certains titres de l’album ont été composés entièrement en studio. On avait une idée générale quand on est arrivé et on a intégré nos différents ingrédients. Il y a donc vraiment l’idée du fait maison et aussi le fait que j’adore la limonade (rires).
Comment s’est déroulé l’enregistrement de l’album ?
Ça s’est passé à Black Box, un studio génial à côté d’Angers. Un espèce de petit coin paumé dans la campagne française. C’est une ferme qui a été aménagée en studio par un allemand, Peter Deimel qui est extraordinaire. On a tout enregistré en analogique sur un 16 pistes. En plus, nous avons tous joué en même temps dans la même pièce, même si ce n’est pas la tendance générale. C’est sûr que c’est plus facile de jouer tout seul avec un ordinateur et une carte son. Nous avons pris une solution radicalement différente : Prendre le RER, aller en répétition pour jouer ensemble.
Pour moi la musique, c’est une communication entre les gens et c’est comme ça qu’elle circule. En tout cas, il nous semblait intéressant d’aller provoquer l’humain. C’est pour cela que je trouve que notre musique est très actuelle, parce qu’elle s’inscrit dans la tendance inverse de la norme. Les Ramones ont fait de la musique parce qu’ils n’aimaient pas Pink Floyd, et moi je n’aime pas pleins de trucs aujourd’hui. Donc je fais du rock’n’roll et c’est pour cela que c’est moderne. C’est même “pire” que du rock, c’est faire des chansons d’amour en fait. C’est vraiment un truc dont on a besoin.
D’ailleurs, je trouve qu’il y a plus de chansons douces sur l’album que sur le premier EP de Theo Lawrence And The Hearts…
Notre son évolue vraiment assez vite. J’écris beaucoup de morceaux et on est toujours en train de penser à créer un nouveau truc. Le son voyage un peu selon la volonté du moment. C’est vrai que le son a évolué entre les deux enregistrements et pour le deuxième album, ça va être encore pareil. On n’est pas comme AC/DC. Il faut dire qu’on n’a pas une formule aussi efficace qu’eux.
Etait-ce une volonté délibérée de ne reprendre aucun titre de l’EP sur l’album ?
Theo Lawrence And The Hearts : Il y a quand même Heaven To Me qui n’est pas sur l’EP, mais qui était sur le premier single qu’on a sorti. Mais sinon, étant donné que l’on a un rythme de composition rapide, ça ne semblait pas très pertinent de reprendre des titres de l’EP. On l’a fait avec Heaven To Me, car c’est une chanson qu’on adore et qui est passée inaperçue au tout début de notre carrière. Et puis un premier album, tu as tout le temps pour le faire. Et comme je n’aime pas être trop attaché aux chansons, on a préféré prendre un instantané du moment pour garder la flamme intacte. Ce sera la même chose pour le deuxième album, vu que l’on a quasiment jamais joué ensemble ces nouveaux morceaux. Il y aura plus que jamais ce côté spontané.
Quelle est la chanson dont vous êtes le plus fier ?
C’est compliqué ça…
Theo : Je pense que c’est 500 Dances. C’est le premier titre qu’on a vraiment fait nous même, pas à Black Box mais chez Thibault, avec nos petits moyens. On était vraiment fier d’avoir fait cette chanson tout seul.
Olivier : Une chanson qui me touche beaucoup, c’est My Sunshine Is Dead, qui en plus, a failli ne pas être sur l’album.
Thibault : J’aurais pu dire la même chose mais je suis aussi assez fier de Shanghai Lady. Je la trouve très décalée du reste, presque provocante.
Nevil : Search Your Heart. C’est une chanson très simple et très douce à la fois. Theo : Quand Nevil démarre son solo d’orgue, j’ai vraiment l’impression d’écouter un disque que j’aime. Cela me fait penser à des productions de Al Green. Nevil : Surtout qu’il y a une partie un peu improvisée, un super solo de guitare pas du tout écrit. Olivier : C’est vrai que c’est le moment le plus cher de l’album. On pensait que c’était fini et on a continué à jouer ensemble sans avoir conscience d’être enregistré. Du coup, on était plus détachés…
Theo, travailles-tu ta voix ?
Oui, tous les jours je la travaille chez moi. Je n’ai jamais fait un seul exercice de vie par contre. Pas de vocalises, je chante tout simplement.J’essaie aussi d’emprunter aux chanteurs ou chanteuses que j’aime. Je commence par imiter, puis je me réapproprie le style de chant.
Un grand merci à Anaïs pour son aide.