This is not a love song est LE festival rock Indé du sud est. Fidéle au premier rendez-vous en 2013, nous sommes allés en nombre mettre à l’épreuve cette deuxième édition.
Plus qu’une simple juxtaposition de concerts, This is not a love song s’impose de plus en plus comme un véritable festival en élargissant ses orientations artistique, se dotant d’une grande scène extérieure et d’une multitude de petits stands et disquaires. Pas de doute, Le Line up de rêve et son cadre agréable à la Paloma (Nimes) en font un rendez-vous de plus incontournable; Retour rapide sur ces 3 jours de bonnes surprises et de découvertes:
JOUR 1
La programmation de cette première journée ferait pâlir tout amateur de rock indé : Temples, Lee Ranaldo & The Dust, Slowdive, The Fall, The Brian Jonestown Massacre, Suuns et The Jon Spencer Blues Explosion. What else ?
Formule gagnante à Nîmes pour ce festival qui souffle sa deuxième bougie : Une (nouvelle) scène extérieure plus les deux salles de la Paloma, ce qui permet d’éviter les temps morts. De plus, les concerts de l’après midi sont gratuits. Et si l’on démarre par deux mises en bouche : Filthy Boy et Speedy Ortiz, on rentre immédiatement dans le dur avec Temples. Back to the 60’s que ce soit pour la musique ou le look.
James Bagshaw, le chanteur, ressemble à s’y méprendre à Marc Bolan et Thomas Warmsley, le bassiste a un faux air de Nick Drake. Le format festival convient bien au groupe qui n’a qu’un album à son actif. Si l’interprétation est excellente, le set est un peu trop lisse, scolaire. On sent que le groupe est pour l’instant plus à l’aise en studio que sur scène. Allez les gars, lâchez vous un peu et montrez que vous prenez votre pied sur scène et ça sera parfait.
Un peu de logistique après Temples, puisque on passe à la partie payante de la journée. Cap sur Lee Ranaldo and The Dust qui joue sur la scène extérieure. Steve Shelley étant à la batterie, on a la moitié de Sonic Youth, rien que ça. On change carrément de division pour le coup. Les deux albums de Lee étaient déjà magnifiques, mais c’est encore mieux en live. Le guitariste de Sonic Youth nous fait admirer sa technique, mais il n’hésite pas à laisser s’exprimer Alan Licht le second guitariste : On se croirait revenu aux grandes heures de Television !
Entre hymnes pop et expérimentations noisy, Lee Ranaldo ne choisit pas et son utilisation d’un archet sur Lecce, Leaving est bien sur fort appréciée. Blackt Out et ses belles parties de guitare conclut la prestation, dans une version encore plus longue et aboutie que sur disque.
Slowdive ne va pas tarder à jouer dans la grande salle de la Paloma. Mais entre une petite discussion avec Lee Ranaldo et le concert de Slowdive,le choix est vite fait, nous verront les spécialistes du shoegaze une autre fois. On aura donc l’occasion de reparler de Lee Ranaldo. Retour donc à la scène extérieure pour fêter le retour des vétérans du punk : The Fall.
Le groupe de Mark E Smith est en formation de combat avec deux batteurs, et ça pogote sévère dans les premiers rangs. Comme d’habitude, Mark fait son numéro : “Oh, j’ai des doigts au bout de mes mains”. C’est net et sans bavure, mais un peu répétitif à mon goût.
Direction la grande salle de la Paloma pour les Brian Jonestown Massacre, et ce fut une bien belle découverte. La formation déjà déconcerte : Quatre guitares, un joueur de tambourin au centre de la scène et le leader, Anton Newcombe sur le coté gauche. Mr Tambourine Man, Joel Gion, semble ne servir à rien, pourtant c’est vers lui que se tournent les regards. Le groupe explore toutes les nuances du rock, ça nous change de The Fall.
Après Lee Ranaldo, Suuns a été l’autre sommet de la soirée. Les canadiens, venus présenter leur entêtant deuxième album Images du Futur, ont fait chavirer le public de la Paloma. Tout dans leur prestation vient renforcer le caractère oppressant et urgent de leur musique : énormes beats, guitares tendues comme un arc, éclairage minimaliste bleu et musiciens voûtés, comme possédés par leur instruments. Et si c’étaient eux l’avenir du rock ?
JOUR 2
Après une première journée prometteuse, nous voilà de retour plein d’entrain et d’optimisme tant le line-up du jour nous fait saliver…thème de la soirée : la tempête après le calme.
On commence en douceur avec la folk brésilienne du poète Rodrigo Amarente. Comment ne pas tomber sous le charme de cet homme singulier qui, en toute humilité, nous livre ses textes et sa musique en une quiétude contagieuse. On reste, bouché bée, à rêver d’un monde meilleur, où les compétitions de football ne se feraient pas au détriment d’une économie locale laissée à l’abandon. Mais là n’est pas le sujet, Rodrigo Amarente nous a emballé, la soirée démarre sous les meilleurs auspices.
Mais un autre moment de grâce nous attend à quelques mètres de là ! Paisiblement installés au balcon de la grande salle, nous attendons l’arrivée de Chan Marshall, plus connu sous le nom de Cat Power. La chanteuse américaine vient nous livrer un set intimiste d’une incroyable volupté : seule avec sa guitare ou au piano, effet double voix (normal car double micros), la salle est tétanisée, en émoi, le temps semble s’être s’arrêté.
Le public est fin connaisseur ! En effet, bon nombre des titres interprétés ce soir par Cat Power seront soit applaudis, soit repris en chœur par la foule. Comment ne pas être subjugué par ce petit bout de femme capable de mettre d’accord des centaines de personnes en deux accords et trois verbes ?!
L’ambiance monte tranquillement, la volupté a atteint son point culminant ! Il est temps pour nous de sortir nous requinquer non sans apprécier au passage l’ambiance rythmée, urbaine et tribale de Jungle, la bonne découverte du soir. Le groupe londonien est plutôt créatif et leur univers nous ramène au sol après plus d’une heure en apesanteur. Nos jambes fourmillent, le club est plein à craquer, Jungle fait bonne sensation.
Mais bon, va peut-être falloir passer aux choses sérieuses quand même ! Car comme dirait le rédac’chef, c’est quand même un festival Rock indé et pour le moment, nous n’avons pas encore eu notre dose de décibels et de saturations. Il ne fallait pas s’en inquiéter car The Black Lips allaient mettre le feu au poudre d’ici peu sur la scène extérieure. Une des têtes d’affiche du jour va faire s’arrêter la pluie et déchaîner la foule !
Leur arme ? Un punk-Rock tonitruant qui donnerait envie à ma mémé de faire du crowdsurfing en blouson noir ! On prend littéralement notre pied face à ce groupe qui semble en prendre tout autant. Les échanges avec le public sont nombreux, les sourires et les pogos aussi ! Quand les Sex Pistols rencontrent les Beastie Boys, on en prend plein la gueule et c’est bon !
Enfin, cette soirée se terminera (pour nous) en bonne compagnie, celle de Ty Segall qui va littéralement nous éclater les tympans de son rock Lo-Fi, Garage, bref, Noisy ! Du haut de ses (seulement) 27 ans, Ty Segall est un véritable virtuose de la guitare et ses solos endiablés à la mode seventies font de ce Live un moment intense qui nous donne instantanément l’envie de poser un bon vieux vinyle sur la platine une fois de retour à la maison.
JOUR 3
Cette journée de cloture (samedi) n’aura pas fait le plein contrairement aux journées précédentes. L’obscurité de la programmation, Le coté encore un peu trop confidentiel des “têtes d’affiches” (Whomadewho et Sky Ferreira) auront tout de même rassemblé environ 1300 personnes sur les 2000 que peut accueillir le site Paloma.
La soirée commence sous le signe de la bonne humeur avec le groupe Astronautalis sous le soleil du pays nimois. Le groupe est généreux à l’image de son leader qui rappe, parle chante et de donne entièrement au public, allant jusqu’à chanter entouré par la foule. On sent une vraie soif de communion. C’est aussi surtout ce qu’on attend d’un groupe sur scène.
La soirée se poursuit avec la formation new-yorkaise Holly Ghost! Le groupe déroule sa synth-pop aux allures de New Wave, les boucles de moog et autres vieux synthés analogiques nous transportent à une autre époque. Le show est rondement mené, le public statique, introspectif; Le tout est carré.. un peu trop peut-être.
Retour en extérieur pour la bonne surprise du soir. Le coucher de soleil, les filles et leurs couronnes de fleurs ont un petit coté dépaysant et un peu suranné pour le coup. Le groupe Rocky est justement là pour nous replacer dans le présent. À deux voix, les français jouent finement entre le chaud et le froid. Leur house music acoustique dépote singulièrement.
Bref. On s’attend maintenant à en prendre plein la gueule avec Sky Ferreira et son énergie punk rock aux refrains Mainstream. Mais au bout de trois titres on s’ennuie, on s’enfuit sans éffort. C’est le luxe des festivals: Le choix !
Enfin notre plus grosse attente de la soirée était celle du groupe scandinave Whomadewho. Le groupe vient initialement de la scène éléctro. Son dernier album marque un virage dans leur carrière. Le groupe se veut dorénavant être un groupe de scène et non une formation aux machines. Whomadewho a travaillé pour ça et ça ce sent. Le son est parfait, le groupe est détendu, on sent qu’il s’éclate et tout naturellement le courant passe. Une simplicité qui nous ferra vite oublier quelques petits couacs techniques. En plus de leurs tubes de plus en plus nombreux, on retiendra la cover acoustique du “Flat Beat” de Mr Oizo. De quoi dynamiter la foule
On a l’impression que pas mal de groupes et formations sont encore un peu en rodage avant la grande saison des festivals qui approche. Nombres des artistes présent au This is not a love song seront aussi en concert au Primavera Sound en Espagne. This is not a love song est l’occasion de les écouter avec d’avantage d’intimité. On ne va pas s’en plaindre.
La fin de soirée se dessine entre musique électronique et ambiances orientales. La musicienne originaire du Koweit Fatima Al Qadiri et Acid Arab nous enivrent jusqu’au bout de la nuit. Tout d’abord, Le dub d’après guerre de Fatima Al Qadiri fait son effet et sert d’excellent warm up à la folie d’Acid Arab qui comme son nom l’indique fusionne acid house et musiques arabes. Ambiance de mariage berbère et numérique. La dose d’épices qu’il manquait pour faire de ce concert de cloture un final à la hauteur du festival.
NB: Retrouvez sur ARTE Live Web les concerts de The Black Lips , Findlay, Superchunk, courtney barnett et Wooden Shjips.
Textes et Photos : Mike Ribes, Kinouzapa, Rod, Pierre F.