MusiK Please suit de près l’affaire We Are Bodies. Après un premier titre; Voici venu le temps de la chronique; Autant le dire tout de suite: Un LP quasi sans faute.
On connait bien Dave Pen, de son vrai nom David Penney, chanteur énigmatique de BirdPen. Actif au sein du collectif Archive depuis 2004, il y campe le chant suite au départ de Craig Walker. De sa voix, si particulière qui constitue à elle seule, bien souvent, les titres qu’il interprète. Sa maigre silhouette, comme une immense ombre penchée sur le micro, que ses mains agrippent comme pour transmettre en plus de sa voix, l’émotion toute entière.
On connait aussi de son côté Robin Foster, musicien de talent, fan invétéré d’Elvis et de Morrissey. Pour sa carrière remarquable de musicien solo, avec son premier album “Life Is Elsewhere”, essentiellement instrumental. Il est proche aussi de la musique de cinéma, il composera d’ailleurs le BO du film Metro Manilla, et d’autres publicités et séries.
Dave et Robin s’étaient déjà associés pour cinq des onze titres du second album de Foster “Where Do We Go From Here ?” en 2008. Il faut croire que cette expérience leur aura suffisamment été bonne pour qu’ils décident d’en faire une collaboration durable, j’ai nommé : We Are Bodies.
A l’écoute de cet album éponyme, on retrouve tout ce que les deux musiciens on pu connaitre et faire du rock progressif, dans son état le plus pur. Tout titre est construit autour d’une idée croissante, Foster sait mieux que n’importe qui amener les instruments les un après les autres, sans heurt, sans que jamais cela ne soit cacophonique. Les guitares couronnent chaque composition énergiquement, le voix de Pen flirt allègrement avec accords de Foster : c’est magique.
On peut se laisser aller à des comparatifs, bien sûr, mais le style des deux protagonistes est déjà bien marqué et présent dans l’horizon musical. Le rock c’est ce qui les uni. Et en effet la magie opère de suite dès les premières mesures du premier titre. Sombre et puissant, on entend les accents des Smith, on reconnait les influences, c’est agréable. Enveloppé dans les nappes sonores, on se laisse guider tout au long de We Are Bodies. Chaque titre est proche du tube, mais du coup on regrette presque qu’aucun d’entre eux ne transcende les autres. Rien de grave cela-dit, puisque les 12 tracks sont différents et cohérents : pas un, en tout, cas de mauvais.
Le “hit” mis en avant peut être Capsize, mais plus on écoute cet opus et plus les morceaux de la fin de l’album, comme War ou Knife, prennent une dimension autre, un quelque chose de plus astral. L’album reste et colle à la mémoire, Pen part très loin et l’alchimie de la musique avec sa voix prend tout son sens. On ne peut pas passer à côté le spectre cinématographique du titre Fake Shelter, simplement puissant. Pour la petite histoire, Robin Foster nous a confié que chaque chanson a son histoire, notamment “A light On” qui est le résultat s’une fin de concert à Ouessan, sur la route du retour aucune autre lumière que celle du phare qui tourne, alors ils ont du avancer au rythme du passage de la lumière sur la route … 100% breton !
La production est superbe, Foster s’illustre en chef d’orchestre.
D’autant plus que l’album a été entièrement enregistré à Camaret, chez Robin Foster, qui a redoublé d’imagination : c’est le batteur d’Archive qui intervient sur la majorité des titres et il a enregistré les voix dans une église abandonné à Quimper. Puis l’album a été mixé à Manchester par Jim Spencer (New Order) et enfin masterisé dans les prestigieux studios d’Abbey Road par Franck Arkwright. Résultat de la réunion de tout ces savoirs-faire : le son est vraiment une signature reconnaissable celle de We Are Bodies.
En tout cas c’est un pari gagné pour cette association de talents. Les fan trouveront ce qu’ils aiment chez Dave Pen, et peuvent être rassurés, Robin Foster est de loin, le musicien qui l’accompagne le mieux depuis le début de sa carrière. We Are Bodies vibre littéralement, on en ressort pas indemne. Ne reste plus qu’à courir voir ce duo sur scène pour se laisser transporter, encore et encore.
Quasi sans faute ! Sortie officielle le 28 avril 2015.
Tracklist :
1 – Pressure Compressor
2 – We Are Bodies
3 – Calling Out
4 – Capsize
5 – Shadows
6 – A Light On
7 – Under The Sea
8 – Guide My Home
9 – War
10 – Knife
11 – Fake Shelter
12 – Replicants
Indice de satisfaction : 82%
Marika D.