Wovenhand, jouait ce week-end à l’Epicerie Moderne de Feyzin pour promouvoir “Refractory Obdurate“. Emballé par cet excellent album (chronique par ici), MusiK Please y était.
La soirée débute avec Christine Owman, chanteuse violoncelliste accompagnée d’un bassiste. Méconnue dans nos contrées, la suédoise jouit pourtant d’une reconnaissance artistique notable, ayant par exemple assuré la première partie de Robert Plant ou encore collaboré avec un certain Mark Lanegan. Le duo arrive dans une ambiance plutôt feutrée, lumière tamisée avec en fond de scène un écran projetant des images noir et blanc de la première moitié du XXème siècle. Le style est particulièrement expérimental : Christine Owman chante pendant que violoncelle et basse se donnent la réplique sur trame d’électro. Le visuel est travaillé et complète harmonieusement la musique. Il faut reconnaître que le groupe développe des idées originales, comme l’utilisation d’une scie ou encore d’un uykulélé dont la chanteuse sample quelques notes pour accompagner son violoncelle qu’elle reprend dans la foulée. La prestation s’avère agréable mais souffre tout de même de certaines longueurs et redondances qui la rendent au final relativement inégale.
Lorsque les lumières s’éteignent pour la seconde fois, la salle est malheureusement très loin d’être comble. Cependant DEE (David Eugene Edwards), leader de la formation, possède sa fervente base de fans, dont bon nombre le suive depuis Sixteen Horsepower. Son précédent groupe semble en effet avoir marqué des esprits au fer rouge : “Je suis fan de Wovenhand mais pour moi Sixteen Horespower était un cran bien au-dessus“, nous explique notre voisin dans la file d’attente.
Wovenhand investit donc la scène et les acclamations fusent avant de faire preuve d’un silence quasi religieux. La fosse éparse est surprenante de calme en dépit de l’ouverture énergique du set par le furieux “Hiss”. Au-delà du déchainement tourmenté dont est souvent empreinte la musique de DEE, c’est indéniablement le côté spirituel et mystique renvoyé par son personnage qui prend le dessus. Aussi rythmée sa musique soit-elle, on n’en demeure avant tout pas moins quelque peu fasciné par ce bonhomme à la voix habitée. En live, cette atmosphère exaltée se voit renforcée par la gestuelle accomplit par Edwards lorsqu’il ne joue pas de guitare. Sans compter les incantations qu’il prêche sur quelques titres tel “Obdurate Obscura” qui ne s’en trouvent que plus inspirés. Sur scène, le chanteur s’investit totalement et ce n’est pas par hasard que sa chemise est trempée !
Quant aux musiciens, ils ne chôment pas non plus. A l’image de Ordy Garrison. Impressionnant sur album, le batteur insuffle la même densité dynamique de par son jeu complexe et véloce. Pour suivre une telle rythmique, il faut plusieurs cordes à sa basse mais Neil Keener les possède sans conteste et assure de façon impressionnante. Entre rock, country et expérimentation, Wovenhand en live… ça envoie !
Néanmoins, malgré un son de qualité, des musiciens qui maîtrisent leur sujet et un David Eugene Edwards en grand maître de cérémonie, on reste sur sa faim après le rappel. Le show est rôdé, certes, mais peut être trop justement ! Le groupe est professionnel mais distant… vous savez ce petit côté typiquement… hum… “américain” (non, non je ne l’ai pas dit !) ? Dans une salle comme l’Epicerie Moderne idéalement propice à l’intimité des artistes avec leur public, on regrette le manque d’échange et de spontanéité de Wovenhand.
Ceci dit, artistiquement parlant, la soirée s’est avérée rondement menée et l’apocalypse tant attendue était bel et bien au rendez-vous !
Betty
Setlist (sous réserve):
– Hiss
– Closer
– Maize
– Horse Head Fiddle
– Obdurate Obsucurate
– Masonic Youth
– El-Bow
– Corsicana Clip
– The Refractory
– Long Horn
– Filed Of Hedon
– Salome
– Good Shephrd
Rappel :
– King O King
– Glistening Black