Les vétérans de l’indie-rock américain Yo La Tengo livrent “There’s A Riot Going On”, un 15e album calme et contemplatif.
La PME familiale de l’indie-rock américain Yo La Tengo gère toujours aussi bien son petit business. Près de 35 ans après leurs débuts, le couple Ira Kaplan/Georgia Hubley accompagné du fidèle James McNew, publient leur 15e album, “There’s A Riot Going On”. Une pièce de plus à apporter à une oeuvre manufacturée avec soin et goût par le trio d’Hoboken qui a largement participé à la définition du rock indépendant US en bon héritier du Velvet Underground ou des Modern Lovers.
Il ne faut surtout pas se fier au titre du disque qui reprend celui du furieux album de Sly And The Family Stone de 1971. Ici aucune trace de violence physique ou verbale mais plutôt d’émeute mentale sur l’état d’esprit actuel des Etats-Unis. Le “There’s A Riot…” de Yo La Tengo est une oeuvre calme, assez (trop ?) longue, qui se prêtera plutôt à une douce fin de soirée laissant une large place à l’onirisme. Dans une atmosphère cotonneuse, l’habituelle électricité qui fut souvent une marque de fabrique est réduite à sa plus simple expression.
Comme souvent chez le groupe du New-Jersey, ça brasse beaucoup de styles musicaux. Le signe d’artistes mélomanes écoutant énormément de musiques au risque parfois de partir un peu dans tous les sens. A 61 ans, Ira Kaplan reste toutefois encore capable d’un petit tube indie (“For You Too”), d’échappées Kraut (“She May She Might”) et les pop-songs velvetiennes chantées par Hubley dont le groupe a le secret sont toujours aussi onctueuses (“Ashes”, “Polynesia#1”, “What Chance Have i Got”).
Baigné dans l’ambient – une originalité chez eux – en son cœur pendant près d’un quart d’heure (“Dream Dream Away”, “Shortwave”), l’album se termine en pleine rêverie après l’exotique “Esportes Casual” jusqu’à la sublime conclusion “Here You Are” venant répondre à l’ouverture “You Are Here”. Si l’album n’est probablement pas au niveau des chefs d’œuvres du passé que sont “Painful” (1993), “I Can Hear The Heart Beating As One” (1997) ou “And Then Nothing Turned…” (2000), Yo La Tengo garde, avec ses talents d’orfèvre, son rôle de passeur d’une tradition de rock américain singulier et cultivé.